Les parents de Colleen n'attendaient pas son arrivée avec "impatience" du moins pas au départ. Ils ne l'avaient pas vraiment voulu, c'était un accident, comme on dit, un accident qui apporta une nouvelle raison pour le couple de s'aimer. En effet, ils ne s'entendaient plus tellement bien. Puis, l'annonce eut l'effet d'une bombe pleine d'amour, qui à son explosion, avait propagé ce qu'il se trouvait à l'intérieur partout autour d'elle.
Tout s'enchaîna, les consultations chez l'obstétricien, les achats pour la venue de l'enfant. Ils ne pouvaient s'empêcher de penser à leur futur petit garçon.

Des doutes se levèrent quant à la véritable identité du père du petit garçon. En effet, il était brun alors que ni la mère ni le père n'avaient cette couleur de cheveux. Bien sûr, l'homme savait que sa femme était fidèle et qu'elle ne l'avait pas trompé. Il se révéla qu'un gène récessif du père s'était affirmé au milieu de tout les autres. Les deux familles furent soulagées par cette information mais encore, elles se posèrent des questions. Le nouveau né ne ressemblait à aucun des parents. Il avait les yeux d'un étrange ton et par la suite, un nez particulièrement étrange se dessina sur son visage. Tout le monde crut qu'il y avait eu échange de bébés à l'hôpital, cependant les malentendus se dissipèrent lorsqu'ils décidèrent d'établir un test de paternité. Colleen était bien le fils du couple Pieterse-Martin.

Seattle était une merveilleuse ville pour le petit Colleen qui était âgé alors de dix ans. Il y avait là-bas amis, famille. Mais déjà, il rêvait de la beauté du monde, de tous ces paysages fabuleux, des opportunités que les différentes villes pouvaient apporter à leurs habitants, des lumières dansantes au milieu de la nuit, des fêtes. Tout comme ses parents. Ils se ressemblaient assez il fallait l'avouer. Grâce au travail du père, tout le monde put voyager à travers le monde. De la Russie jusqu'au Mexique. D'Italie au Japon. Colleen put apprendre une dizaine de langues, mais celles qu'il maîtrisait le mieux était celles des pays où il était resté le plus longtemps : l'Anglais, le Français, le Portugais, l'Espagnol.

Avant cela, ses parents étaient toujours présents pour lui malgré leur travail très prenant. Ils étaient aux petits soins avec lui et ne le laissaient jamais sans surveillance comme s'ils voulaient le protéger de quelque chose. C'est ainsi qu'un grand amour naquit entre eux. Colleen, recevant tellement, ne pouvait se passer de ses parents un week end. Il était toujours attaché à eux, ne les lâchait jamais. Il fallait dire qu'il était leur unique fils et le couple avait découvert un peu plus tard, qu'ils ne pouvaient plus avoir d'enfant après lui. A douze ans, il ne pouvait aller à une fête d'anniversaire sans que sa nounou ou une autre personne de confiance soit présente avec lui. Et bien sûr, il ne pouvait jouer aux jeux que ses amis avaient inventé, il risquerait de se faire mal. Les autres enfants avaient commencé à se moquer de lui. Il l'insultait de chochotte, plus tard de pédale ou tarlouze. Mais il s'en fichait, tant qu'il gardait l'amour de ses parents, rien ne pouvait l'atteindre. Jamais il n'aurait pensé se séparer d'eux et pourtant...

Les changements de villes, de pays, de culture étaient vraiment durs pour Colleen qui avait appris à ne plus se lier avec d'autres personnes. Les séparations étant trop dures, il se força à repousser les gens en se moquant d'eux, en les insultants. Au fond de lui il ne voulait plus souffrir voilà pourquoi il faisait souffrir les autres.

Puis il y eut Lima. Son père lui promit que c'était la dernière fois qu'ils déménageaient. C'était exactement cela qu'il lui avait dit il y avait tout juste six mois. Les promesses ne se tenaient pas trop dans la famille surtout depuis que l'ambiance tendue régnait chez eux. Colleen venait d'avouer à ses parents que filles ou garçons, ça ne le dérangeait pas. Non il ne parlait pas d'un quelconque petit frère, mais de sa sexualité. Au final, ils l'avaient plutôt bien pris... Oui plutôt.

Ce jour-là, le soleil brillait, les oiseaux chantaient, on se serait cru dans un de ces thrillers où tout commence bien et fini par déraper après la première demi-heure. Au moins, c'était sûr qu'il n'y allait pas avoir de bain de sang. C'était la réalité pas de la fiction. Personne n'allait poignarder Colleen et aucun fantôme n'allait le pousser par la fenêtre de sa toute nouvelle "maison". En effet, le jeune brun était arrivé deux jours avant la reprise des cours. Il devait encore se faire aux pièces qu'il ne connaissait pas encore par coeur.

Avant d'ouvrir la porte de son nouveau chez-lui, Colleen respira à fond, la regarda et se concentra, se disant que son premier jour au lycée Shawnee allait être merveilleux, qu'il allait se faire de nouveaux amis et que personne ne viendrait lui chercher des poux puisqu'il était nouveau et assez beau. Il tourna la poignée et poussa la porte. Une lumière aveuglante apparut devant lui. Ce n'était pas Jésus, ni même un extra-terrestre, juste le soleil. Il leva la tête au ciel et put décrire distinctement celui-ci. Il y avait peu de nuages et ceux étant présents paraissaient assez disperséq pour ainsi, occuper un plus grand espace. Ils avançaient tous à la même vitesse et parfois étaient coupés par des oiseaux. C'était une nouvelle ville, une nouvelle vie à quoi Colleen devait se faire le plus rapidement possible.

Il était maintenant, dans le parking du lycée de Lima, devant le bâtiment. Les autres élèves, qui devaient surement venir en voiture, le regardaient bizarrement comme s'il avait oublié de mettre son pantalon ou quelque chose comme cela. Il en avait déjà rêvé qu'un jour, au milieu d'une foule, il ne portait pas de bas.
Il afficha un sourire béa. Il souriait de s'asseoir sur une chaise à écouter la vie de ses différents professeurs. D'un pas lent, mais décidé, il s'approchait de l'établissement. Plusieurs fois il s'était arrêté, en même temps que ces élèves qui lui bloquait la route, son sourire était alors devenu forcé, doutant de sa journée qui avait si bien commencée.

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